"Enciellement" de notre Soeur Marie-Emmanuel

    "Viens, Seigneur Jésus, viens, Joie de notre cœur !"

    Prière qui illuminait le chemin de notre Sœur.

    Faire-part de sa naissance au ciel

    Merci de votre communion à notre peine et à notre espérance.

    Homélie de l'Eucharistie d'A-Dieu 4 décembre 2014
    Le temps de l’Avent est particulièrement marqué par le désir de voir se révéler la gloire de Dieu. Notre soeur qui portait en religion le nom de Marie-Emmanuel fêtera donc au ciel, à partir de cette année, la venue du Christ dans la chair, le 25 décembre.

    Les textes que l’Eglise nous fait lire aujourd’hui semblent avoir été choisis tout exprès pour nous permettre de relire dans la lumière de Dieu quelque chose de sa vie parmi nous. Quand on s’efforce de vivre sous le regard de Dieu, tout nous parle de Lui, même les misères de nos péchés qui deviennent ainsi des marches pour descendre la voie royale de l’humilité. Et la vie tout entière nous apparaît comme un Avent qui prépare le jour de la grande rencontre. Rien n’a de sens en dehors de cette perspective.

    Isaïe parle d’un cantique chanté en Juda. Notre soeur a aimé, elle aussi, le chant des psaumes qui nous rattachent à la richesse cette prière si ancienne et toujours neuve. Douée d’une belle voix, elle l’a mise au service de cette première tâche de la moniale : louer Dieu au coeur de l’Eglise et Le prier pour tous les besoins du monde. Son engagement envers la communauté était entier, comme sa fidélité envers la vie régulière qu’elle avait voulu en entrant à Altbronn, puis en notre abbaye de la Fille-Dieu, alors qu’elle était une religieuse enseignante appréciée de ses élèves, avec lesquelles elle a gardé des relations jusqu’à la fin. Elle a mis sa confiance dans le Seigneur qu’elle savait être son rocher, mais la maladie lui a fait parcourir un vrai chemin de conversion. Sa forte personnalité et son tempérament vif, son regard toujours en mouvement et son inimitable sourire ont souvent rencontré d’autres manières d’être et d’agir.

    Durant l’une des dernières Messe à laquelle elle assistait par haut-parleur, elle a plus d’une fois murmuré : « Pardon, Jésus ! » Ce pardon, elle le donnait du fond du coeur, faisant volontiers le premier pas et se gardant de toute rancune. Elle faisait bien tout ce qu’elle entreprenait, et elle avait une idée précise de tout travail à accomplir, en étant sûre que c’était la bonne. Elle disait volontiers : « J’ai été très gâtée par la vie. », et elle a gardé quelque chose de l’esprit d’enfance jusque dans ses responsabilités d’adulte pleinement assumées. Ses très nombreuses relations, jusque sur son lit, ces dernières semaines, témoignaient d’un fort attachement à tous ceux que Dieu lui permettait de rencontrer. Il faudrait encore faire état d’un courrier abondant et du groupe de dialogue interreligieux où elle avait noué de fortes amitiés, l’intérêt toujours vivant pour toute réalité humaine, bien au-delà des murs de clôture.

    Puis est venue l’inactivité forcée qui lui a pesé : c’était un peu la citadelle du prophète, jetée à terre et renversée dans la poussière. Jusqu’à il y a peu de temps, elle disait avec ce petit sourire malicieux qu’elle a gardé jusqu’à son dernier visage : « Je ne veux pas mourir tout de suite ! » Et on pourrait dire que Dieu s’est quand même un peu plié à ses désirs, jusqu’à ce qu’elle dise : « Maintenant, qu’Il vienne me chercher. » Ce combat intérieur a été l’ultime chemin de purification sur cette terre, et là, Il ne l’a pas fait attendre, avec la prière de ses soeurs et de ses proches qui ont demandé cette grâce avec instance.

    Le roc sur lequel elle avait voulu bâtir sa maison s’est révélé pleinement ces derniers jours. La tempête a soufflé et les torrents ont tenté de l’ébranler, mais le Seigneur veillait auprès d’elle, comme ses soeurs infirmières qui l’ont entourée de tout leur dévouement, lui offrant la grâce tant désirée de mourir au monastère, en famille. La voici désormais dans la ville forte, rempart et avant-mur la protègent et elle n’a plus rien à craindre. Que notre prière qui nous porte nous aussi à la rencontre du Christ, Emmanuel, lui permette de Le rencontrer en toute vérité et dans cet amour parfait dont il veut combler ceux qui Le cherchent en cette vie.