MANUSCRITS ET IMPRIMÉS MUSICAUX

Sous les voûtes de la Fille-Dieu, le chant a retenti sans interruption depuis la fondation, si l’on excepte de brèves périodes de récitation de l’office durant les troubles politiques à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle. Cette continuité témoigne de l’incroyable fécondité de la vie consacrée. À travers le chant liturgique d’une communauté, c’est la vie qui s’exprime et c’est aussi la façon particulière que cette communauté a d’aimer Dieu, de génération en génération.

L’examen des manuscrits liturgiques et imprimés musicaux en usage à la Fille-Dieu révèlent que la vie chorale s’y est toujours caractérisée par des répertoires variés. Ce sont de riches paysages sonores qui se dessinent au fil de l’étude des 138 documents conservés au monastère. L’étude de cette bibliothèque musicale exceptionnelle (la plus grande du canton de Fribourg, après celle de la Bibliothèque universitaire) a permis de faire des découvertes étonnantes sur l’histoire de la Fille-Dieu.

Les 74 manuscrits contiennent principalement le plain-chant traditionnel de l’Ordre ; et les 63 imprimés polyphoniques comportent messes et motets composés par les plus grands compositeurs de musique occidentale du XVIe au XVIIIe siècle.

Ainsi, au moins lors des solennités, tropes polyphoniques, puis motets à 1, 2, 3, 4 voix, accompagnés d’orgue et parfois de coups d’archet, ont été associé aux lignes mélodiques cisterciennes qui, selon le vœu cher à Bernard de Clairvaux, manifestent la « sobre ivresse » de l’Esprit Saint.

Les chroniques, annales, nécrologes confirment la continuité de transmission de ce vénérable patrimoine cistercien et, en même temps, témoignent de la volonté d’enrichir ce corpus, à toutes les époques, avec le meilleur de l’art sacré contemporain. Cet équilibre entre tradition et innovation fait la beauté et la richesse de ces 750 ans de musique liturgique.

Parmi les trésors de la Fille-Dieu, il faut mentionner les remarquables fragments d’antiphonaires du XIIe siècle (FID 1 et 2). Ceux-ci constituent les reliquats des ébauches ayant servi à la révision liturgique et musicale menée par saint Bernard aux débuts des années 1140. Ces précieux folios sont passés, selon toute vraisemblance, de l’abbaye de Hautcrêt (près des Tavernes) à la Fille-Dieu, peut-être après la fermeture de l’abbaye vaudoise en 1536.

D’autres pièces uniques au monde méritent mention : quatre recueils d’auteurs franco-flamands imprimés à Paris, chez Pierre Attaingnant. Il s’agit de 27 motets à trois voix compilés par Jean du Moulin (édités en 1545), des Cantica canticorum de Guillaume le Heurteur (publiés en 1548), de 20 Magnificat composés, entre autres, par Claudin de Sermisy (également publiés en 1548) et 13 chants sacrés de Josquin Desprès (sortis des presses en 1549). Les annotations et traces d’usage présentes sur ces partitions laissent entrevoir la vitalité avec laquelle l’art de la polyphonie renaissante fut pratiqué à la Fille-Dieu. Autre joyau du fonds des imprimés, l’Harmonicorum Fasciculus Florum, composé au début du XVIIIe siècle par le Cistercien Benedict Rüegg, maître de chapelle à l’abbaye de Wettingen, près de Baden, en Suisse alémanique. L’édition se compose de 25 chants sacrés pour une ou plusieurs voix, avec ou sans accompagnements de violons, clarinettes et bassons.

 Alicia Scarcez OCV

LITURGIE ET MUSIQUE A L'ABBAYE CISTERCIENNE NOTRE-DAME DE LA FILLE-DIEU (ROMONT)

Le 25 avril 2015, au cours de l’Assemblée Générale des Amis de la Fille-Dieu, Dre Alicia Scarcez (Histoire, Histoire de l'Art et Archéologie, Orientation en Musicologie) a dédicacé un livre dédié à la liturgie de notre monastère. Cet ouvrage est préfacé par Prof. Dr. theol. Martin Klöckener

Le présent ouvrage, réalisé par Madame Alicia Scarcez, dresse le panorama liturgique et musical de l’abbaye de la Fille-Dieu (Romont), de l’époque de la fondation (1268) à nos jours. Il se fonde sur les archives de l’abbaye et des monastères voisins et apparentés.

Il répertorie et commente cent trente-huit documents conservés à la Fille-Dieu et classés en deux fonds : les manuscrits liturgiques et les livres polyphoniques.

L’étude évoque en particulier la bibliothèque médiévale de l’abbaye romontoise et les exceptionnels fragments de chant cistercien primitif (copiés vers 1136) qu’elle conserve encore aujourd’hui.

Le fonds des livres polyphoniques – composé de trois manuscrits et soixante et un recueils imprimés de messes et motets – laisse entrevoir la vitalité avec laquelle la polyphonie et l’art instrumental furent pratiqués de la fin du xvie siècle au xviiie siècle.

Parmi les fleurons de cette collection inédite figurent quatre recueils méconnus d’auteurs franco-flamands imprimés à Paris, chez Pierre Attaingnant, de 1545 à 1550 ; ainsi que l’Harmonicorum Fasciculus Florum du Cistercien Benedict Rüegg, sorti des presses de l’abbaye de Wettingen en 1701.

L’ANTIPHONAIRE CISTERCIEN PRIMITIF D’APRÈS LES SOURCES MUSICALES DE 1136/1140. LE PREMIER CHANT DE CÎTEAUX RETROUVÉ

 par Dre Alicia Scarcez OCV, préfacé par Prof.  Dr. theol. Martin Klöckener

Cette édition est une œuvre d’archéologie musicale, fondée sur les plus anciens manuscrits cisterciens notés, provenant des abbayes cisterciennes de la Fille-Dieu (Suisse) et de Schönau (Allemagne). Ces documents, pour la plupart palimpsestes, ont nécessité un travail d’interprétation et de restitution de longue haleine, qui permet aujourd’hui de révéler une tradition liturgique et musicale oubliée : celle du premier chant qui fut pratiqué dans l’ordre cistercien entre 1110 et 1143 environ.

Issu de la tradition liturgique importée de Metz à Cîteaux, au début de l’abbatiat d’Étienne Harding, ce chant présente un double intérêt. Il éclaire les origines de l’Ordre cistercien en sortant de l’oubli les mélodies des antiennes et des répons chantés à Cîteaux jusqu’à l’avènement de la réforme de Bernard de Clairvaux. Et, indirectement, il rend compte pour l’ensemble de l’année liturgique d’un chant messin plus ancien que celui qui nous est parvenu dans les sources musicales messines.

« Pendant » musical du Primitive Cistercian Breviary (vol. 44 de la même collection Spicilegium Friburgense), le présent ouvrage permettra aux scientifiques, aux amateurs de chant médiéval, comme aux lecteurs curieux, de découvrir et transmettre un trésor qui était perdu.

Les 2 ouvrages de Dre Alicia Scarcez


"LITURGIE ET MUSIQUE A L'ABBAYE CISTERCIENNE NOTRE-DAME DE LA FILLE-DIEU (ROMONT)
HISTOIRE ET CATALOGUE DES SOURCES DE SEPT SIÈCLES DE VIE CHORALE" 

Le catalogue peut être acheté à l'Abbaye de la Fille-Dieu au prix de :
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"L’ANTIPHONAIRE CISTERCIEN PRIMITIF D’APRÈS LES SOURCES MUSICALES DE 1136/1140.
LE PREMIER CHANT DE CÎTEAUX RETROUVÉ"

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